Le développement normal de la motricité

Sun Jan 29, 2012

Le développement normal de la motricité et du fonctionnement est essentiel pour assurer la réalisation et l'apprentissage du contrôle moteur chez l'enfant. L'apprentissage de la motricité s'effectue en différents phases. L'enfant apprend d'abord une habileté et la reproduit dans d'autres situations. L'apprentissage du mouvement et de la posture s'effectue dans un état ou un environnement sensoriel. L'activité physique est nécessaire au développement moteur. Le nourrisson doit pouvoir se mouvoir activement afin d'acquérir progressivement des habiletés motrices élémentaires, comme se rouler sur lui-même, s'asseoir, ramper, se tenir debout et marcher. Le développement du contrôle postural chez les enfants survient dans les phases où se développe leur capacité d'intégrer l'information sensorielle. Entre l'âge de 1 an et de 3 ans, le sens de la vue est dominant; et il s'agit d'un sens assez puissant pour permettre l'orientation en station verticale et le maintien de cette posture. À cet âge, le système proprioceptif génère de l'information simple et incomplète. Le système somatosensoriel doit s'exercer afin d'utiliser l'information proprioceptive de façon efficace. Entre les âges de 4 et 6 ans, les données somatosensorielles et vestibulaires sont grandement utilisées. Entre 7 et 10 ans, il est possible d'observer des réactions s'apparentant à celles des adultes. La source fondamentale de stabilité posturale tant chez les enfants et les adultes est de nature somatosensorielle. Les mouvements généraux et les réflexes permettent le contrôle moteur volontaire et adaptatif; le contrôle postural se développe d'abord et offre une base au mouvement. Ainsi, le mouvement coordonné devient possible (Woollacott et Shumway-Cook 1986, Martin 1989, Aubert 2008).

Les facteurs touchant la capacité motrice

Les facteurs liés au système musculosquelettiques

Les facteurs mécaniques, comme la gravité, la ligne de gravité, la base d'appui et le centre de gravité influencent le développement du mouvement. Les caractéristiques des muscles du système musculosquelettique, les mouvements articulaires, l'amplitude articulaire et ligamen-taire, ainsi que la tension musculaire sont d'importants facteurs dans le développement de la performance maximale. La réalisation du contrôle postural est importante pour l'endurance à la gravité et à la force musculaire (Martin 1989).

Les facteurs neuromoteurs

Il existe deux types de réflexes: les réflexes primitifs et les réflexes posturaux. Les réflexes primitifs sont des réactions spontanées et stéréotypées à une stimulation spécifique. Les ré-flexes posturaux, également appelés automatismes ou réponses variables à une stimulation, s'observent tout au long de la vie et ont pour but le maintien de la tête et du corps dans une position verticale. Au fur et à mesure que le nourrisson se développe et acquiert un plus grand contrôle du mouvement en opposition à la gravité, les réflexes primitifs s'estompent au fur et à mesure que les automatismes et les réactions posturales apparaissent. Celles-ci apparaissent dans l'ordre suivant: les réactions de redressement, de protection et d'équilibre. Le but de la réaction de redressement est de maintenir la bonne orientation de la tête et du corps. Les réac-tions de protection sont des réactions des membres aux déplacements rapides du corps par des forces horizontales ou diagonales. Les réactions d'équilibre surviennent durant le changement du centre de gravité occasionné par un mouvement du corps ou de la surface d'appui (Martin 1989, Aubert 2008).

Les étapes importantes du développement de la motricité globale et de la motricité fine

De l'âge de 1 mois à 2 mois, le nourrisson commence à présenter un déclin dans la flexion physiologique accompagné d'un accroissement de l'extension active en opposition à la gravité lorsqu'il est en position ventrale. Vers trois mois, il montre déjà plus de symétrie dans l'alignement et le mouvement de son corps. Vers le quatrième mois, il exerce l'usage bilatéral de la flexion et de l'extension qui permettent une symétrie solide. À quatre mois, il arrive à maintenir sa tête droite. À six mois, le bébé arrive à bien maintenir sa tête droite et démontre un bon contrôle en opposition à la gravité. Entre six et huit mois, il est capable de rouler de la position dorsale à la position ventrale par segment. À huit mois, il est en mesure de s'asseoir sans aide. À neuf mois, il commence à prendre appui pour se mettre debout. À l'âge de 9 ou 10 mois, le principal moyen pour l'enfant de se mouvoir devient de ramper sur le sol. Entre 12 et 18 mois, il est en mesure de marcher seul (Aubert 2008). Le développement de la motricité fine se caractérise par les étapes suivantes: l'enfant acquiert la capacité de balayer des mains pour atteindre les objets à cinq mois; la prise palmaire à six mois; la préhension palmaire radiale à neuf mois; la préhension en pince fine inférieure à onze mois et en pince fine développée à douze mois. Bien que l'ordre des étapes de croissance se présente généralement ainsi, il arrive que les différences culturelles et les expériences de l'enfant en modifient l'ordre. En raison d'autres différences individuelles, comme la motivation, les possibilités d'apprentissage etc., la vitesse à laquelle ces habiletés sont apprises peut aussi être modifiée (Martin 1989, Aubert 2008).

Le syndrome de Down et le contrôle neuromoteur

Chez les enfants atteints du syndrome de Down, on répertorie un certain nombre d'observations et de mesures des caractéristiques motrices, comme l'hypotonie, l'hypermobilité articulaire, une diminution des réflexes ostéotendineux, le maintien de ré-flexes automatiques et le délai dans l'apparition de la vitesse de réaction et de l'équilibre des réponses qui peuvent avoir contribués au retard du développement. Diverses études ont dé-montré que les enfants atteints du syndrome de Down présentent généralement des déficits sur le plan de la coordination oculo-manuelle, de la latéralité, de la vitesse, du temps de réac-tion, de l'équilibre et du contrôle oculomoteur (Henderson et coll. 1981, Kerr et Blais 1985, Shumway-Cook et Woollacott 1985, Connoly et Michael 1986, Woollacott et Shumway-Cook 1986, Haley 1987, Stratford et Ching 1989, Dyer et coll. 1990, Uyanik et coll. 2001, Jobling et Virji-Babul 2004, N. Virji-Babul et coll. 2006).

Chez les enfants atteints du syndrome de Down, des délais dans les réactions posturales s'installent avec l'apparition des délais dans le développement moteur. Par conséquent, il est essentiel que le programme d'intervention comprennet des programmes thérapeutiques visant à accroitre la stimulation des réactions posturales. Plus précisément, certains enfants atteints du syndrome de Down ont besoin d'élaborer des stratégies leur permettant d'éradiquer les renseignements sensoriels inutiles. La formation de synergies posturales et de renseignements sensoriels par le biais de l'intégration s'avère importante dans le cadre de la démarche thérapeutique (Haley 1986). Afin de conserver la stabilité, des réponses posturales rapides et automatiques devraient se produire. Chez les enfants atteints du syndrome de Down, un dysfonctionnement de la stéréognosie et un déclin des habiletés motrices sont également liés à la présence d'hypotonie. L'hypotonicité interrompt le mécanisme de rétroaction qui permet la perception de la position d'un corps dans l'espace et joue un rôle dans le contrôle volontaire des muscles et cela a pour effet d'influencer la posture corporelle et la qualité des mouvements (Woollacott et Shumway-Cook 1986). Il est possible que les dysfonctionnements s'observant chez les enfants atteints du syndrome de Down se poursuivent après la maternelle et durant la période de l'adolescence. L'occurrence de problèmes d'équilibre et de coordination chez ces enfants appuie la théorie selon laquelle il serait utile de recourir à une thérapie individuelle non seulement au cours de la maternelle, mais aussi durant toute la période de leur adolescence (Connoly et Michael 1986, Moni et Jobling 2000).