Le rôle du système vestibulaire dans le développement moteur

Sun Jan 8, 2012

Le système vestibulaire joue un rôle important dans le déroulement normal du développement moteur et de la coordination (Weeks 1979a, Cohen et Keshner 1989a, Cohen et Keshner 1989b, Shumway-Cook 1992). Le dysfonctionnement vestibulaire s'observe dans divers troubles du développement sous la forme d'un trouble de la coordination musculaire et de troubles de l'apprentissage (Magrun et coll. 1981, Schaaf 1985, MacLean et coll. 1986, Horak et coll. 1988, Shumway-Cook 1992). Le système vestibulaire est l'un des premiers systèmes sensoriels à se développer au cours de la phase prénatale, et il entre en fonction dès la naissance, car les structures anatomiques sont complètement formées à ce stade (Shumway-Cook 1992).

Les informations vestibulo-oculaires sont habituellement très importantes dans la coordination oeil-tête pour stabiliser le regard sur un point précis, alors que les informations vestibulo-spinales jouent un rôle primordial dans le maintien de la stabilité posturale de concert avec les informations visuelles et somatosensorielles (Nashner et coll. 1982). Le complexe de noyaux vestibulaires, le cervelet et la formation réticulaire ont des liens réciproques et influencent le comportement moteur. Le système vestibulaire est l'un des plus vastes systèmes sensoriels du corps humain. Les fibres nerveuses passent par le complexe vestibulaire, et de là, dans le cervelet, elles rejoignent les nerfs craniaux 3, 4 et 6 qui permettent l'ex.écution de mouvements supplémentaires par les muscles oculaires, puis elles innervent tous les niveaux de la moelle épinière responsables du tonus musculaire (Ottenbacher et Petersen 1983, Kelly 1989).

Le système vestibulaire joue un rôle particulièrement important dans l'acquisition d'habiletés motrices, dans l'intégration des réflexes posturaux, dans la formation des mouvements de coordination oculaire et l'acquisition d'habiletés liées à l'attention visuelle, et également dans le développement du comportement investigateur, et la régulation du niveau d'entrain (Ottenbacher et Petersen 1983).

Contrairement aux enfants présentant un cas de pathologie vestibulaire isolé, on observe de graves problèmes d'insuffisance motrice chez les enfants démontrant une inaptitude à organi-ser de manière efficace les informations visuelles et somatosensorielles pour le contrôle pos-turale. Les thérapeutes traitant des enfants présentant un dysfonctionnement vestibulaire sti-mule leur système vestibulaire au moyen de matériel comme des balançoires, des planches à roulettes et des hamacs (Shumway-Cook 1992). Ayres a indiqué que selon la théorie de l'intégration sensorielle, l'effet de la stimulation vestibulaire sur le système nerveux central provient de la plasticité du système nerveux, et que l'amélioration observée chez ces enfants au cours de la période consécutive à l'intervention est permanente en raison du sous-développement de la plasticité cérébrale à ce stade du développement (Ayres 1972a, 1979).

Les éléments suivants peuvent s'avérer bénéfiques en tant qu'effets thérapeutiques de la sti-mulation vestibulaire (Weeks 1979b, Magrun et coll. 1981, Pfaltz 1983, Sandler et McLain 1987, Arendt et coll. 1991, Dave 1992, Uyanık et coll. 2003 a, Uyanik et coll. 2003c):

  1. Développer les fonctions liées à la motricité globale et l'intégration des réflexes
  2. Réguler l'équilibre fonctionnel
  3. Accroitre les habiletés perceptivo-motrices
  4. Développer des habiletés de compréhension du langage oral et des fonctions in-tellectuelles
  5. Accroitre le développement socio-affectif
  6. Réduire les comportements automutilateurs et/ou stéréotypés
  7. Faciliter l'amorce de l'intervention en permettant aux individus d'être plus ré-ceptifs aux différentes formes d'intervention.

Dans les évaluations visant à déterminer le recours à une intervention en stimulation vestibu-laire, il est nécessaire qu'une grande partie des constats suivants produisent des résultats posi-tifs: réduction de la durée du nystagmus post-rotatoire, inefficience dans le pivotement en po-sition ventrale (extension en pronation), hypotonicité des muscles extenseurs, faiblesse dans les réactions d'équilibre et d'appui, baisse de la stabilité articulaire (co-contraction), sentiment d'insécurité gravitationnelle et intolérance au mouvement (Fisher et Bundy 1989).

Les méthodes d'intervention au moyen de la stimulation vestibulaire

Dans le recours à la stimulation vestibulaire, la structure et la position du stimulus vestibulaire jouent un rôle considérable dans l'efficacité de la stimulation. On détermine si la stimulation vestibulaire a des effets excitateurs ou inhibiteurs selon la forme de la stimulation. Un mouvement lent, rythmé et passif aura un effet inhibiteur, alors qu'un mouvement rapide aura un effet excitateur. Les mouvements rotatoires et l'accélération-décélération linéaire stimulent différents récepteurs. Différents types de stimuli sensoriels se forment lorsque l'enfant roule et se balance de l'avant vers l'arrière. De plus, en positionnant l'enfant à l'envers, couché sur le ventre, sur le dos ou sur le côté, différentes parties des canaux et des otolithes sont activées à des degrés divers. La position horizontale, et particulièrement la position ventrale, active les otolithes de manière plus efficace que la station debout. La position horizontale est également la position idéale pour la stimulation des canaux semicirculaires. Ayres a fait remarquer que différentes positions et mouvements de la tête sont nécessaires pour stimuler les récepteurs vestibulaires, mais surtout la position horizontale (Ayres 1979, Kelly 1989).

Les types de stimulation vestibulaire:

  1. Pour la normalisation du tonus des muscles extenseurs : en augmentant la quantité d'informations provenant des organes otolithes, on a recours à des activités linéaires selon l'évolution du développement moteur, comme:
    • des activités de bondissements et de sauts (en position assise, à genoux ou de-bout);
    • des activités linéaires de balancement (au moyen d'une plateforme et d'une ba-lançoire à nacelle (T-swing), d'une glissade ou toboggan, d'un hamac ou d'un baril que l'enfant balance en se tenant à genoux, debout, assis, couché sur le ventre ou sur le dos, ou en rampant);
    • des autres activités de type linéaire (sauter ou se laisser tomber sur des oreillers ou un matelas en position assise, couchée sur le ventre ou sur le dos).
  2. Pour le développement des réactions d'équilibre: en augmentant les réponses des ca-naux semi-circulaires, le centre de gravité est modifié et créer une désorganisation temporaire, ce qui permet aux mouvements de la tête de se produire par phases. On y arrive:
    1. en déplaçant la surface d'appui, le centre de gravité devenant actif ou passif;
    2. en ayant recours à des activités de traction et de poussée : on déplace le centre de gravité. Ce sont des activités qui permettent l'équilibre actif sur des surfa-ces escarpées, comme des escaliers, des rampes et des surfaces inconnues, au moyen d'équipement comme des planches d'équilibre, des ballons thérapeuti-ques et un baril.
  3. Afin d'atténuer la crainte du mouvement ou du changement de position: en augmen-tant la vitesse du passage des informations otolithes, la stimulation vestibulaire li-néaire est appliquée à des vitesses et des durées tolérables, de même que dans des po-sitions non menaçantes pour l'enfant (Fisher and Bundy 1989).

Voici les précautions à envisager lors de la stimulation vestibulaire:

  1. En raison d'une sur-stimulation, une surcharge sensorielle se produit et provoque des dysfonctionnements d'organisation dans le système nerveux central. Par conséquent, il faut éviter de sur-stimuler, et l'enfant devrait être examiné avant, pendant et après la stimulation vestibulaire pour confirmer la présence d'une sur-stimulation ou d'une sous-stimulation et permettre de déterminer sa propre vitesse.
  2. La sur-inhibition du tronc cérébral est le risque potentiel le plus élevé, provoquant des crises, une cyanose et un affaiblissement des fonctions vitales.
  3. Chez les enfants présentant une hypertonicité, l'effet contraire est observé sous forme d'une augmentation plus importante du tonus.

La réponse à la stimulation sensorielle est différente pour chaque enfant, et il est important d'examiner l'enfant soigneusement à ce stade (MacLean et coll. 1986, Fisher et Bundy 1989).