Les interventions combinées

Sun Jan 8, 2012

Dans les études menées chez l'enfant ayant une déficience intellectuelle, les chercheurs ont facilité le développement mental et moteur normal au moyen de différentes techniques de stimulation en simultané. Chez les enfants présentant des troubles du développement, des ap-proches comme l'intégration sensorielle, l'intervention perceptivo-motrice, la thérapie neuro-développementale, la stimulation vestibulaire, la ludothérapie, les approches cognitivo-linguistiques s'avèrent plus efficaces lorsqu'elles sont utilisées de façon individuelle ou consécutive selon le cas (Bobath et Bobath 1967, Ayres 1972a, Ayres 1979, Bobath 1980, Bumin et Kayıhan 2001, Uyanık et coll. 2003a, Jobling 2006).

Le but du recours à l'approche neurodéveloppementale en combinaison avec la ludothérapie est de développer les facultés cognitives et perceptives individuelles, de permettre à l'enfant d'expérimenter par le biais d'activités appropriées lui offrant de la stimulation pour effectuer des schémas normaux de mouvements et de le motiver en répondant aux besoins liés à son développement normal dans le cadre du programme thérapeutique. À cet effet, le thérapeute détermine les parties importantes de l'activité selon les besoins de l'enfant et les objectifs de l'approche neurodéveloppementale en effectuant d'abord une analyse de l'activité. Cette ana-lyse permettra d'évaluer les besoins moteurs, cognitifs, perceptuels et psychosociaux de l'enfant et les composantes de l'activité. De plus, l'outil spécifique à adopter dans le cadre de l'approche neurodéveloppementale est déterminé en fonction des besoins de l'enfant. Par la suite, en employant des activités ludiques qui conviennent aux techniques de l'approche neu-rodéveloppementale, le thérapeute permet à l'enfant de participer pleinement aux activités de la vie quotidienne (Anderson et coll. 1987).

En permettant à l'enfant d'acquérir des habiletés, l'interaction entre les facteurs environne-mentaux de type humain et non humain est importante. Par conséquent, l'intervention doit être orientée non seulement par la prise en charge de l'enfant dans le programme thérapeuti-que, mais également par des adaptations environnementales qui accroissent le fonctionnement de l'enfant et par le recours à des activités ludiques dont les objectifs sont multiples. L'enfant participe donc activement au processus d'intervention, il peut exercer ses habiletés et ses rôles et devient de plus en plus apte à découvrir et à intégrer l'information sensorielle transmise par son environnement en établissant des relations constructives avec les personnes et les objets (Lindquist et coll. 1982a, 1982b). À partir de ce concept, les modalités de l'intervention axée sur l'enfant et l'intervention axée sur le développement des structures cognitives ont été définies pour être utilisées dans le cadre d'interventions auprès de nourrissons et de jeunes enfants présentant des déficits d'attention et des troubles affectifs. Dans l'intervention axée sur l'enfant, celui-ci commence les activités ludiques et le thérapeute agit à titre d'observateur et d'animateur. À l'instar des approches appliquées dans une salle Snoezelen ou une salle de stimulations multisensorielles, l'environnement est aménagée par l'organisation des jouets et du matériel offerts et par la création d'un environnement sûr dans lequel est favorisé le développement sensori-moteur sans imposer d'interdictions, ni créer un sentiment d'échec chez l'enfant (Uyanık et coll. 2009). Dans l'approche axée sur le développement des structures cognitives, on enseigne à l'enfant comment il peut acquérir des habiletés et comment il peut développer les fonctions motrices nécessaires à l'intégration sensorielle et à la performance de ses habiletés. Pendant l'intervention, on peut avoir recours à des techniques neurodéveloppementales ou d'entrainement perceptivo-motrices afin de faciliter la performance de l'enfant (DeGangi et coll. 1993).

Les principes généraux des programmes combinés qui sont employés auprès des enfants ayant une déficience intellectuelle sont les suivants:

  1. On choisit des activités faciles à apprendre et comprenant des éléments de mouve-ment dont le degré de facilité est déterminé selon le quotient intellectuel de l'enfant.
  2. On suit l'ordre normal du développement de l'enfant dans le cadre du programme thérapeutique. En se fondant sur l'évaluation du développement des réflexes, on choisit des activités appropriées après avoir déterminé le niveau de faiblesse de l'intégration entre la réponse de l'enfant à un niveau inférieur et le comportement adaptatif à un niveau supérieur. Les activités sont adaptées aux positions couchée sur le dos ou sur le ventre, quadrupède, assise et debout selon l'ordre du développement.
  3. On évite les effets de confusion pouvant être causés par d'autres personnes ou par l'organisation de la salle en travaillant seul avec l'enfant dans la même pièce.
  4. La quantité de stimulation est calibrée selon le niveau de tolérance de l'enfant grâce à l'utilisation adéquate de l'équipement dans le cadre des programmes thérapeutiques. En équipant la salle de thérapie avec du matériel fournissant différents types de sti-mulation sensorielle, on crée des solutions de rechange pour le jeu en interaction avec l'environnement qui sollicitent l'attention de l'enfant et le motivent.
  5. Le développement de la rétroaction proprioceptive est salutaire pours l'amélioration des réponses sensorielles, perceptives et motrices. On vise à accroitre les réponses motrices de l'enfant en ayant recours à des méthodes comme des activités faisant ap-pel au positionnement et au mouvement et en appliquant une certaine résistance, et en ayant également recours à des stimulations tactiles et de l'équilibre. On vise l'atteinte de l'adaptation posturale et motrice en accroissant la quantité de stimuli visuels en plus de la stimulation tactile et de l'équilibre proprioceptif.
  6. On applique le programme une étape à la fois, de la plus facile à la plus difficile, et on évolue vers les étapes plus difficiles seulement lorsque les étapes précédentes ont été réussies (Gilfoyle et Graddy 1971).

DeGangi et ses collaborateurs (1993) ont indiqué que les points suivants sont des questions dont on doit tenir compte lorsque l'on applique l'approche sensitivomotrice dans une inter-vention combinée axée respectivement sur l'enfant et sur le développement des structures co-gnitives:

  • Tenir compte des comportements et chercher la stimulation sensorielle nécessaire à l'auto-organisation des mouvements liés à l'attention et à la motricité.
  • Permettre la formation de l'idée sous-jacente au mouvement dans le concept général de jeu et développer la planification.
  • Organiser les schémas de mouvement selon les exigences de l'activité.
  • Augmenter la quantité d'information sensorielle tactile, proprioceptive et vestibulaire qui se forme dans le cadre des activités quotidiennes.
  • Faire des exercices de contrôle postural et d'équilibre.
  • Placer les éléments de l'intégration bilatérale en ordre et en enseigner les schémas.
  • Enseigner les éléments de la planification motrice sous la supervision externe d'un thérapeute.
  • Permettre l'acceptation de la stimulation sensorielle sous la direction du thérapeute et faire en sorte qu'elle puisse être utilisée.
  • Observer et vérifier les réponses comportementales aux stimulations sensorielles.

Les points suivants sont des questions dont on doit tenir compte lorsque l'on applique l'approche neurodéveloppementale dans une intervention combinée axée respectivement sur l'enfant et sur le développement des structures cognitives:

  1. Créer une motivation pour le mouvement et l'amorcer
  2. La génération autonome d'activités planifiées
  3. Planification détaillée des mouvements corporels dans l'espace
  4. Exercer des mouvements dans des schémas de jeu
  5. Placer les mouvements en ordre, les chronométrer et les planifier
  6. Satisfaction dans les activités motrices
  7. Développer les éléments posturaux et cinétiques
  8. Exercer la performance réelle (real-skill performance)
  9. Coordination oculo-manuelle
  10. Équilibre, force, adaptation posturale et stabilité

Les points suivants sont des questions dont on doit tenir compte lorsque l'on applique l'approche fonctionnelle (activités de la vie quotidienne - AVQ) dans une intervention combi-née axée respectivement sur l'enfant et sur le développement des structures cognitives:

  1. Développer un intérêt dans la performance d'activités quotidiennes et la motivation
  2. Développer l'expression personnelle au moyen de diverses activités, comme le dessin
  3. Faire l'expérience des fonctions apprises au moyen de dispositifs de la vie quotidienne
  4. Développer des habiletés visuo-spatiales adaptées au contexte environnemental
  5. Développer la créativité de l'expression personnelle par le biais du jeu, de l'activité artistique, du mouvement, et autres
  6. Élaborer des niveaux de jeu plus complexes
  7. Exercer ses habiletés en matière de soins personnels
  8. Développer des fonctions perceptuelles et visuomotrices nécessaires à l'apprentissage
  9. Transférer les habiletés acquises en thérapie à l'environnement scolaire et à la maison (DeGangi et coll. 1993).