Les interventions relatives aux troubles de l'intégration sensorielle

Sat Jan 28, 2012

Le principe fondamental dans l'intervention relative aux troubles de l'intégration sensorielle est de permettre une stimulation sensorielle planifiée et contrôlée accompagnée de réponses adaptatives afin d'accroitre le niveau d'organisation du mécanisme cérébral. Le rôle du thérapeute dans les programmes d'intégration sensorielle est d'organiser les stimuli provenant de l'environnement de manière à permettre aux individus de faire la démonstration d'un comportement moteur approprié et de développer des habiletés en soins personnels, pour le jeu et des habiletés scolaires (Troyer 1961). Ayres a affirmé que l'intégration sensorielle est liée de manière significative au développement des habiletés auditives et linguistiques en plus de la coordination motrice (Ayres 1979).

L'évaluation de l'intégration sensorielle, qui est administrée avant d'entreprendre l'intervention, permet d'analyser, de synthétiser et d'interpréter les comportements sensorimoteurs et perceptivo-moteurs de l'individu. L'évaluation consiste en un examen du processus d'intégration sensori-moteur, du processus d'adaptation de l'individu, des effets du processus de maturation et du processus comportemental qui caractérisent le profil développemental (Dengen 1988, Ayres 1989, Ayres 2005).

L'acquisition de connaissances nécessite l'intégration d'information. Pour permettre à un enfant d'acquérir des habiletés, le thérapeute a recours à la stimulation orale, à la stimulation visuelle d'appoint, au positionnement de l'enfant, aux mouvements passifs et à un environnement convenable. La première étape permettant l'acquisition d'habiletés est d'orienter l'enfant vers l'objectif qu'il désire atteindre (Gentile 1992).

L'intervention relative aux troubles de l'intégration sensorielle comporte quatre principes fondamentaux:

  1. Le processus d'intervention s'amorce avec l'évaluation. L'évaluation de l'état sensori-moteur et des adaptations environnementales est importante pour l'évaluation des résultats de l'intervention, des méthodes d'intervention et des objectifs thérapeutiques immédiats. Les questions abordées ci-dessous doivent être prises en compte dans la planification d'une intervention:
    1. Le niveau de fonctionnement de l'enfant
    2. L'état du développement du processus d'intégration sensorielle de l'enfant
    3. Quels sont les principaux buts de l'intervention et quelles sont les méthodes devant être utilisés pour y arriver?
    4. Combien de fois l'enfant doit-il être traité et quels programmes d'intervention à domicile devrait-on privilégier?
  2. Le programme d'intervention doit suivre la séquence du développement m que l'on observe normalement chez les enfants en développement. Lorsque l'individu arrive à maîtriser des comportements nécessitant beaucoup de contrôle, comme courir, bondir, écrire et lire, une amélioration s'opère dans les processus d'assimilation et d'adaptation des stimuli visuels, tactiles, proprioceptifs et vestibulaire. L'intégration d'activités d'intervention dans le processus ludique global des enfants peut également s'avérer bénéfique dans le cadre du programme thérapeutique.
  3. L'intervention repose sur le processus d'intégration intersensorielle. L'organisation des stimuli sensoriels, intériorisée par l'entremise de l'adaptation corporelle, et le processus d'intégration sensorielle constituent les principales étapes de l'intervention.
  4. Il est également important de tenir compte du fait que les soins prodigués à domicile par les parents et la famille et le développement affectif et social de l'enfant ont un rôle important à jouer dans l'intervention. La réussite de l'enfant réside dans la communication et la coordination avec la famille du patient et les autres disciplines professionnelles dans le cadre de la planification du programme d'intervention. Le recours à des programmes spécialisés dépend du groupe d'âge, du sexe, de la perte fonctionnelle, des habiletés et des préférences de l'enfant, ainsi que de la formation du thérapeute (Gilfoyle et Grady 1971, Dengen 1988).

L'entrainement au moyen d'activités pour le traitement des troubles sensiro-moteurs et perceptivo-moteurs

L'adaptation appropriée à l'environnement est très importante dans le cadre de l'intervention relative à l'intégration sensorielle. L'environnement devrait susciter l'intérêt de l'enfant. On propose les activités suivantes dans le cadre d'une intervention relative à l'intégration sensorielle selon la séquence de développement propre à l'enfant:

  • Information et rétroaction tactiles, vestibulaires et proprioceptives

    Adaptation de la motricité globale; postures et schémas de mouvement globaux (rouler en pivotant en position ventrale, sur les coudes, à quatre pattes, se mettre debout, marcher selon des schémas inhabituelles et sur différentes surfaces, courir, bondir, sauter sur des pastilles de Twister, attraper et lancer des objets)

    Planification motrice (praxie): capacité du cerveau de concevoir, d'organiser et d'effectuer une séquence d'actions non reconnues comme étant nécessaires lors de l'apprentissage de nouvelles habiletés. Les activités orientées vers la réalisation d'objectifs favorisent le développement des habiletés de planification motrice. Des activités dans un hamac ou avec un ballon peuvent faire en sorte d'améliorer l'adaptation de la motricité globale et la praxie.

  • Information et rétroaction tactiles, vestibulaires et proprioceptives

    Des réactions de redressement et d'équilibre, de même que des schémas d'intégration de différentes positions corporelles favorisent le maintien de ces stimulations. Le jeu du navire dans l'océan en quadrupédie facilite les réactions d'équilibre et d'ajustement postural. Les thérapeutes emploient souvent la formule suivante: « vous êtes un bateau sur l'océan et je suis l'ouragan, et vous devez essayer de ne pas tomber », puis ils poussent l'enfant très doucement à quelques reprises afin de perturber l'équilibre de ce dernier (Kramer 2007).

  • Information et rétroaction tactiles, vestibulaires, proprioceptives et visuelles

    Activités sans l'utilisation des pieds et/ou en quadrupédie : socle à roulettes, sac d'équilibre, jeu de ballon, rouler, ramper, relâcher, mimer, fanfares, etc.

    Contrôle oculaire: activités sollicitant le mouvement des mains et de vastes groupes musculaires, comme lancer et attraper; activités sollicitant peu d'effort musculaire, comme dessiner ou tracer des lignes afin de favoriser le développement du contrôle oculaire.

  • Information et rétroaction tactiles, vestibulaires, proprioceptives et visuelles

    Activités en position bipède: courir, sauter, jeux de sauts à la corde, matériel de ter-rain de jeux (balançoires, tunnels et barils, glissades ou toboggans, barres fixes et d'escalade), jeux de ballon et jeux musicaux.

    Coordination motrice bilatérale: lorsque les deux côtés du corps travaillent en coordination, des mouvements intentionnels des mains se produisent et l'enfant est ainsi en mesure de traverser l'axe médian de son corps.

    Activités proprioceptives: escalader, pousser, tirer, transporter des objets lourds, travailler contre résistance ou contre une pression.

    Perception visuo-spatiale: les enfants présentant des dysfonctionnements sur le plan de la perception visuo-spatiale éprouvent des difficultés à écrire et à travailler avec des nombres. L'apprentissage et la compréhension des concepts directeurs favorisent le développement de la perception visuo-spatiale. Les activités axées sur les contrôles vestibulaire et oculaire nécessitant la connaissance de la position des objets dans l'espace favorisent l'acquisition d'habiletés visuo-spatiales. On dit qu'il existe une relation étroite entre la perception visuelle et la performance motrice (Brien et coll. 1988). Les activités de planification motrice et les jeux sollicitant la perception visuo-spatiale comportent des éléments de planification motrice, car la planification motrice et la perception visuo-spatiale interagissent de façon réciproque. Les activités motri-ces, comme marcher, courir et monter des escaliers, peuvent être structurées de sorte d'encourager l'enfant à prêter une attention visuelle aux caractéristiques spatiales (Kramer 2007). Des activités de série (gobelets gigogne, blocs sur tiges verticales graduées) et de nombreuses tâches de construction (casse-têtes, motifs à reproduire à l'aide de blocs) sont des exemples d'activités sollicitant la perception visuo-spatiale.

  • Information et rétroaction tactiles, proprioceptives et visuelles

    Dans le cadre de l'apprentissage des habiletés de motricité fine, il est important que l'enfant ait acquis une stabilité posturale adéquate. De plus, une bonne co-contraction de la tête, du cou et des muscles brachiaux est nécessaire. Un bon contrôle oculaire, une coordination motrice bilatérale et le sens du toucher influence le fonctionnement des mains. L'enfant a besoin d'effectuer des activités comprenant tous ces éléments afin de développer ses habiletés de motricité fine, par exemple, des casse-têtes, des jeux de doigté, origami, planches de chevilles (peg board) (Ayres 1979, Lerner 1985, Scheerer 1997, Wilson 1988, Bumin and Kayıhan 2001, Uyanik et coll. 2003a).