L'évaluation de la spasticité

Fri Jan 27, 2012

La mesure de la spasticité est essentielle à l'évaluation de la réponse au traitement. Dans tous les cas, la spasticité dépend de plusieurs facteurs comprenant la présence de stimuli nuisibles, l'état physique et mental du patient et le positionnement de son corps. Il s'avère donc difficile de mesurer la spasticité en raison de sa nature multifactorielle. Il existe différentes méthodes de mesure, mais aucune n'est assez précise et fidèle pour quantifier la gravité de la spasticité au point de vue clinique.

L'échelle Ashworth

Cette échelle est fondée sur l'évaluation de la résistance à l'étirement lorsqu'un membre effectue un mouvement passif. Elle avait été validée à l'origine par Ashworth (1964) pour les patients atteints de sclérose en plaques. Sa fidélité est remise en question en raison de la subjectivité dont l'observateur doit faire preuve au cours de l'administration du test et par le fait qu'elle évalue de multiples aspects de l'étirement d'un membre. Elle est toutefois applicable à un usage général et on estime que sa fidélité inter-juges et intra-juges est bonne (Ashworth 1964). L'échelle Ashworth originale est seulement validée pour la mesure de la spasticité des membres inférieurs (Lee et coll. 1989). De plus, elle ne fait pas de distinction entre l'accroissement du tonus musculaire neurogène et la raideur mécanique du membre. Malgré cela, elle est néanmoins devenue la mesure à laquelle sont comparées toutes les autres. Une importante modification (Échelle Ashworth modifiée) a été proposée pour différencier la spasticité légère et la spasticité modérée, étant donné que des irrégularités sont apparues dans le jugement clinique dans la partie inférieure de l'échelle originale. Bohannon a validé l'échelle en mesurant la flexion du coude chez des patients ayant subi un accident vasculaire cérébral et il a tenté d'en élargir la validité (Bohannon et Smith 1987). La cote 1+ a été ajoutée et l'échelon supérieur de l'échelle fut réduit de 5 à 4.

Score Échelle Ashworth (Ashworth 1964) Échelle Ashworth modifiée (Bohannon et Smith 1987)
0 Pas d'augmentation du tonus musculaire Pas d'augmentation du tonus musculaire
1 Légère augmentation du tonus musculaire qui se manifeste par un arc douloureux lorsque le segment touché est déplacé en flexion ou en extension Légère augmentation du tonus musculaire qui se manifeste par un arc douloureux suivi d'un relâchement ou par une résistance minime à la fin de l'amplitude articulaire lorsque le segment touché est déplacé en flexion ou en extension
1+ Légère augmentation du tonus musculaire qui se manifeste par un arc douloureux suivi d'une résistance minime à travers le reste (moins que la moitié) de l'amplitude articulaire
2 Augmentation plus marquée du tonus musculaire, mais le segment touché peut être déplacé avec facilité à travers la totalité de l'amplitude articulaire Augmentation plus marquée du tonus musculaire à travers la presque totalité de l'amplitude articulaire, mais le segment touché peut être déplacé avec facilité
3 Augmentation considérable du tonus musculaire, le mouvement passif est difficile et l'amplitude articulaire est réduite Augmentation considérable du tonus musculaire, le mouvement passif est difficile
4 Le segment touché est rigide en flexion ou en extension Le segment touché est rigide en flexion ou en extension

L'échelle Tardieu

L'angle situé au point de résistance est observé en effectuant l'étirement passif d'un membre. Ce mouvement est ex.écuté au cours d'un mouvement à une vitesse de mobilisation très lente (V1), à la vitesse imposée par la gravité (V2) et à une vitesse rapide (V3). L'évaluateur perçoit un arc douloureux dans un muscle sous l'influence d'une exagération du réflexe d'étirement. On a décrit cinq niveaux du point d'apparition de l'arc douloureux afin d'enregistrer la qualité de la réaction musculaire. Essentiellement, l'échelle évalue la longueur musculaire dans les mouvements dynamiques et statiques, de même que l'amplitude articulaire. Les fidélités interne et externe sont généralement bonnes (Gracies 2001), mais une formation est en effet nécessaire pour utiliser cette technique.

Vitesse de mobilisation

V1 vitesse très lente

V2 vitesse imposée au membre par la gravité

V3 vitesse rapide

Angle Y (amplitude articulaire dynamique)

R2 Amplitude articulaire ou longueur musculaire passive à une vitesse lente

R1 Mouvement à une vitesse rapide pendant toute la course articulaire

Qualité de la réaction musculaire - Durée du mouvement passif

0 Aucune résistance

1 Légère résistance

2 Arc douloureux palpable survenant à un angle précis, puis relâchement

3 Clonus épuisable survenant à un angle précis

4 Clonus inépuisable survenant à un angle précis

5 Segment et articulation rigides

Test du pendule de Wartenberg

Dans ce test, la jambe effectue un mouvement contre la gravité et l'observateur mesure l'activité pendulaire du membre spastique au fur et à mesure qu'il se relâche. Il est préférable de l'utiliser sur les membres inférieurs, car il ne s'avère pas tellement fiable dans le cas d'autres membres.

Parmi les autres méthodes d'évaluation ou de mesure de la spasticité, on compte le bilan musculaire, la mesure des réflexes ostéotendineux et de l'amplitude articulaire, le bilan du tonus des adducteurs, l'échelle analogique visuelle, le score de fréquence des spasmes, les appareils de mesure de torsion et les études électrophysiologiques (comprenant l'électromyographie dynamique à enregistrement multiple, les réflexes toniques vibratoires et les études électrophysiologiques du réflexe H et des ondes F). La plupart de ces méthodes, utilisées surtout dans le domaine de la recherche, exige beaucoup de temps et d'argent et nécessite un équipement spécialisé.