Pharmacologie

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Moyens de lutte contre les empoisonnements, antidotes

Sun Jan 8, 2012

Les moyens utilisés pour lutter contre les surdosages médicamenteux ont été décrits dans les chapitres correspondants : par ex. la physostigmine lors d'une intoxication par l'atropine, la naloxone lors d'un empoisonnement par les opioldes, le flumazenil lors d'un surdosage en benzodiazépines, des fragments d'anticorps pour une intoxication par les digitaliques, la N-acétylcystéine pour une dose trop forte de paracétamol.

Les chélatants servent d'antidotes dans les intoxications par les métaux lourds. Ils ont pour fonction de complexer les ions métalliques et donc de les détoxifier. Lorsque l'on parle de chélates (du grec chele : désignant les pinces d'un crustacé) on désigne un complexe formé entre un ion métallique et des substances qui peuvent en de nombreux sites établir une liaison avec l'ion métallique. Compte tenu de leur affinité de liaison élevée, les chélatants attirent à eux les ions métalliques présents dans l'organisme. Les chélatants ne sont pas toxiques et sont principalement éliminés par les reins ; ils maintiennent également l'ion métallique sous forme liée dans l'urine concentrée et le plus souvent acide et l'entraînent ainsi vers l'élimination.

Le Na2 Ca-EDTA est utilisé pour le traitement des empoisonnements au plomb. Cet antidote peut ne pas traverser les membranes cellulaires et doit être administré par voie parentérale. A cause de leur affinité de liaison élevée, les ions plomb déplacent le calcium de ses sites de liaison. Le chélate contenant du plomb sera éliminé par les reins. Parmi les effets secondaires le principal est la néphrotoxicité. Le Na3 Ca pentetate : est un complexe du diéthylènetriaminopenta-acétate (DTPA) qui sert d'antidote dans les empoisonnements au plomb ou par d'autres métaux lourds.

Le dimercaprol a été développé durant la Seconde Guerre mondiale comme antidote contre des composés organiques de l'arsenic provoquant des lésions cutanées. Il est capable de lier différents ions métalliques. Le dimercaprol se présente sous forme d'une substance visqueuse, aisément décomposable qui sera injecté en i.m. sous forme d'une solution huileuse. L'acide dimercaptopropanesulfonate dont le sel sodique permet l'administration orale a une structure et une fonction voisines. Les effets secondaires possibles sont fièvre, frissons et reactions cutanées.

La déféroxamine provient d'un champignon, Streptomyces pilosus. Cette substance présente une forte affinité pour le fer, mais ne dissocie cependant pas le fer associé à l'hémoglobine ou aux cytochromes. La déféroxamine est mal absorbée après prise orale. Pour pouvoir éliminer le fer de l'organisme, l'antidote doit être administré par voie parentérale. La prise orale sert juste à diminuer l'absorption de fer intestinale.

Il faut noter que la saignée, le moyen le plus puissant qui soit pour diminuer le fer de l'organisme, ne doit cependant pas être envisagée dans les conditions de surcharge en fer associées à une anémie.

La D-pénicillamine peut stimuler l'élimination des ions cuivre (maladie de Wilson) et celle des ions plomb. On peut l'administrer par voie orale. Il existe pour ce composé deux indications supplémentaires : dans le cas de cystinurie avec tendances à la formation de calculs de cystine dans les voies urinaires basses, elle inhibe la formation de cystine en formant avec la cystéine un disulfide très soluble ; dans le cas de polyarthrite elle peut être utilisée comme traitement de fond. Le fait que la D-pénicillamine réagisse avec les aldéhydes et inhibe ainsi la polymérisation du collagène, peut être une des explications de son action thérapeutique. Les effets secondaires sont des lésions de la peau (entre autres diminution de la résistance mécanique avec une tendance à la formation de vergetures), lésions rénales, dépression médullaire et altérations du goût.

Antidotes contre l'empoisonnement par le cyanure

Les ions cyanure (CN-) parviennent essentiellement dans l'organisme sous forme d'acide ; celuici peut être inspire, se former dans le suc gastrique acide à partir de sels de cyanure ou être libéré dans le tractus gastro-intestinal à partir d'amandes amères. 50 mg seulement de cyanure peuvent être mortels. Les ions CN- se lient avec une très forte affinité au fer tnvalent. Au niveau des cytochromes oxydases de la chaîne respiratoire, cette fixation bloque l'utilisation d'oxygène ce qui provoque une asphyxie interne avec des érythrocytes chargés d'oxygène (couleur rouge claire du sang veineux).

Des petites quantités de cyanure peuvent être transformées dans l'organisme en thiocyanate relativement peu toxique sous l'action de la « rhodanide synthétase » (thiosulfate-sulfotransférase, déjà présente dans le foie). Les possibilités de traitement sont : l'administration intraveineuse de thiosulfate de sodium pour stimuler la formation de thiocyanate. La mise en route de ce traitement est lente et c'est pourquoi le traitement de choix est l'injection i.v. d'un inducteur de methémoglobine le diméthylaminophénol (DMAP), qui peut convertir rapidement le fer divalent de l'hémoglobine en fer tri valent qui peut capter les ions CN-. L'hydroxycohalamine est également un très bon antidote, car l'ion CN- s'associe avec une forte affinité sur son atome de cobalt central formam la cyanocobalamine.

Chlorure de tolonium (bleu de toluidine)

Si le fer de l'hémoglobine est sous forme trivalente, on obtient la methémoglobine de couleur brune qui ne permet pas le transport d'oxygène. Dans des conditions normales, il se forme presque constamment de la methémoglobine qui est cependant réduite sous l'action de la glucose 6-phosphate déshydrogénase. Les substances qui stimulent la formation de methémoglobine, peuvent cependant provoquer dans l'organisme une carence mortelle en oxygène. Le chlorure de tolonium est un colorant oxydoréducteur, qui est injecté par voie intraveineuse et transforme le fer de la methémoglobine en sa forme réduite.

L'obidoxime est un antidote contre un empoisonnement par les insecticides organophosphorés. La phosphorylation de l'acétylcholinestérase conduit à une inhibition irréversible et à une surcharge de l'organisme en neurotransmetteur. Les conséquences possibles sont une stimulation anormale des effets sympathomimétiques ainsi qu'un blocage ganglionnaire et une altération de la transmission neuromusculaire avec un blocage respiratoire périphérique.

Les bases du traitement sont :

  1. protection des récepteurs muscariniques par l'atropine à forte dose, et
  2. réactivation de l'acétylcholinestérase empoisonnée par l'obidoxime qui s'associe à l'enzyme, capte le résidu phosphate, se solubilise et débarrasse ainsi l'enzyme de son inhibiteur.

L'hexacyanoferrate de fer (« bleu de Berlin ») est un antidote contre l'empoisonnement par les sels de thallium (par ex. dans les poisons pour rongeurs). Les symptômes de cet empoisonnement sont d'abord des troubles intestinaux puis des dommages nerveux et cérébraux et une chute des cheveux. Les ions thallium sont excrétés dans l'intestin mais réabsorbés de nouveau. Le bleu de Berlin, colloïde insoluble non absorbable lie les ions thallium. Il sera administré par voie orale pour bloquer l'absorption des ions thallium immédiatement après la prise du poison ou pour capter les ions thallium déversés dans l'intestin lors d'une surcharge en thallium déjà établie et permettre ainsi leur élimination.