Tenir compte du couple

Sun Jan 8, 2012

Lorsque le professionnel de la santé aborde la sexualité, il a tendance à axer son intervention sur son client, mais oublie souvent son ou sa partenaire (Rolland 1994, Esmail, Esmail, Munro 2001). La littérature portant sur la sexualité et le handicap laisse entendre que les relations intimes sont profondément affectées par le handicap (Esmail, Esmail et Munro 2001). En réalité, le sexe a été déclaré comme étant le problème relationnel le plus sérieux dans les relations comportant un partenaire ayant une incapacité (Kreuter Sullivan Dahllof et Siosteen 1998). Dans une étude de Sadoughi, Leshner et Fine (1971), la plupart des personnes qui ont eu une incapacité ont fait l'expérience d'un déclin dans la fréquence des relations sexuelles, et une majorité d'entre eux ont dû modifier leur manière de se livrer à l'activité sexuelle. Ces modifications ont également entrainé un déclin de la satisfaction et du désir sexuel, accompagné du souhait des couples d'améliorer leur niveau de satisfaction sexuelle. Quelques unes des raisons citées pour expliquer l'impact du handicap sur la sexualité sont les véritables limitations physiques et les limitations perçues causant la peur et le malaise au moment de se livrer aux activités sexuelles (Sadoughi Leshner et Find 1971, Cohen Wallston et Wallston 1976). Le handicap peut également accroitre le niveau de stress dans les relations entre partenaires, affectant les rôles et les limites personnelles (Rolland 1994, Feigin 1998, Kester et coll. 1988). Par ailleurs, on a déclaré que le partenaire sans incapacités pouvait faire l'expérience de conséquences indésirables sur sa santé, en particulier un accroissement des niveaux de stress, dues à son ou sa partenaire blessé(e) médullaire (Kester et coll. 1988).

Comme le laisse entendre la littérature, il semble que beaucoup de préoccupations d'ordre sexuel soient susceptibles d'exiger que l'on dispense éducation et intervention auprès du client et de ses partenaires sexuels. Par conséquent, il serait bon de considérer l'ensemble des partenaires comme étant le « client » ou le bénéficiaire des services dispensés. Lorsque les clients tentent une première fois de reprendre les rapports sexuels à la suite d'une maladie ou d'une incapacité, ils sont susceptibles d'être anxieux et de douter d'eux-mêmes. Dans le souci de réduire cette anxiété, on peut encourager le client et ses partenaires à amorcer les jeux sexuels par des câlins, des caresses, puis par la masturbation avant de reprendre le rapport sexuel (Garner et Allen 1988). Le fait de proposer aux clients de se réserver des moments privés pour l'exploration de leur propre corps et la discussion avec leurs partenaires à propos des changements ou des sentiments liés à leur corps fait en sorte de mieux comprendre leur propre anatomie et leurs réactions sexuelles. Il s'avère également utile d'avoir recours à un programme de sensibilisation à la sexualité pour faciliter ce processus (Fifield et Esmail 2000).

Les stratégies pour aborder le sujet de la sexualité et du handicap au sein du couple sont rarement traitées dans la littérature. Voici toutefois quelques stratégies générales qui se sont montrées efficace (Esmail, Esmail et Munro 2001) : la responsabilité mutuelle, l'éducation, l'amélioration de la communication entre les partenaires, la facilitation du changement d'attitude et de comportement, ainsi que la prescription ou la fourniture d'aides techniques, le recours aux prothèses et les ressources. Le counseling et la thérapie sont également des outils efficaces pour aider les couples à gérer le stress et les changements issus du handicap (Bernardo 1981). Encore une fois, il est important de comprendre que chaque handicap présentera des différences variant d'une personne à l'autre, et que ces différences auront des effets particuliers sur les relations de couple qui nécessiteront le recours à des méthodes diverses d'éducation, de counseling et d'intervention. Pour de plus amples renseignements sur le rôle des professions de la réadaptation dans le traitement de la sexualité du couple en lien avec le handicap, les lecteurs sont invités à effectuer la lecture intégrale de l'article de Esmail, Esmail, and Munro (2001).